Liberation

Le 2 octobre dernier, j’écrivais un article pour clamer haut et fort mon besoin de me réaliser en refusant d’être de ces artistes maudits. Ceux qui vont puiser leur force créatrice au coeur de leur insondable souffrance.

Et patatras, je devrais bien le savoir, lorsqu’on affirme une chose c’est son opposé qui nous est envoyé. Quelques jours à peine après cette affirmation le ciel me confrontait à la plus grande épreuve que je n’ai jamais dû affronter.

Je suis au centre de ce tourbillon qui tente tous les jours de m’engloutir. Celui qui m’otera la vie ou fera de moi le plus fabuleux des papillons si je parviens à percer ma chrysalide. 

J’ai précisément tenu avant cette aventure artistique des blogs nommés respectivement Chrysalide et Ascensationnel, témoignant peut-être d’une forte capacité de prémonition. Ou pas.

Je ne sais plus rien, perte de repères totale. Je recommence à zéro.

Christiane Singer a prononcé cette phrase qui me porte souvent et aujourd’hui plus que jamais : « Rien ne nous est envoyé pour nous écraser ». Cette pensée je ne dois pas être la seule à la méditer. Car autour de moi tout s’est écroulé en dominos.

A l’heure où je t’écris la France est en attente de cette allocution qui confirmera ce que nous savons tous déjà. Nous entrons en période de confinement, le scénario SF à notre porte.

Je suis là, le visage brûlé et mutant – une dermite périorale invasive -, entrant en moi en quête de cette vacuité dont abonde la littérature spirituelle. J’écoute le silence depuis des mois, j’ai de l’avance sur mes compatriotes. Les fleurs de ce printemps ne sont pas les fleurs pourrait écrire Primo Levi. A moins que cette saison fasse écho au manuscrit de Camus. La Peste fut un roman qui accompagna mon adolescence.

Cette affirmation s’est petit à petit transformée en prière. Et jour après jour j’apprends tout de cette pratique. Lorsque la mort te semble plus douce que la vie tu sais assurément que tu es au bon endroit. Entre la souffrance ultime et la libération ultime il n’y a qu’un voile à soulever.

Aussi malgré ce qui m’est donné je te le dis, je ne regrette rien, j’accueille cette expérience de douleur totale, dans mon coeur et dans ma chair, dans la confiance et l’humilité de ceux qui ne savent rien du grand dessein. Oui au milieu du désespoir et quand on fait l’expérience de ce bien plus grand aux commandes on apprend la plus grande des leçons, celle du lâcher prise.

Je partagerai avec toi bientôt mes dernières créations.

Tu seras touché par leur langage mystique. Ou pas.

Je caresserai la terre comme si c’était ta peau.

Tu ressentiras notre proximité physique. Ou pas.

J’y glisserai la douce rondeur d’une pierre taillée.

Tu auras le désir de la prendre au creux de ta main. Ou pas.

Dans ce grand feu que j’allumerai pour toi

Se trouvera la réponse que tu veux entendre. Ou pas.